Projet confiné - 3e Arts d'ex

 

Aujourd’hui, j’ai entendu la maitresse parler dans son salon. Elle lisait le télégramme que son amie lui avait envoyé. Je n’étais pas censé être près du salon à ce moment-là, mais j’avais vraiment envie d’un morceau de fromage, donc je me suis faufilé dans le couloir pour aller jusqu’à la cuisine (c’est juste un morceau de fromage après tout, pas de quoi en faire un drame). Elle lisait à haute voix (voix toujours aussi insupportable), comme à son habitude. Je l’ai entendue parler des journaux et des horribles nouvelles qui y étaient écrites. J’ai jamais lu les journaux moi. Parce que c’est ceux de la maitresse. Et j’ai pas le droit de toucher aux affaires de la maitresse.

 

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Ce matin, quand je balayais dans la salle de bain, j’ai entendu le crieur de rue raconter les actualités. La maitresse avait ouvert sa fenêtre en grand afin de mieux entendre ce que cet homme disait. J’ai moi aussi fais une pause pour écouter. Il parlait d’une maladie mortelle et d’une sorte de prograpation incontrôlable. Je n’ai presque rien compris donc j’ai vite laissé tomber pour me remettre au balai.

 

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Hier soir, j’ai écris une lettre à mon amie Mirabelle. Je lui ai parlé de la « prograpation » que j’avais entendue ce matin. Je lui ai aussi demander des nouvelles et si on pouvait bientôt se voir pour discuter ou… passer le balai tous les deux. J’espère qu’elle me répondra au plus vite.

 

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J’ai enfin reçu la lettre de Mirabelle ! Elle était dans la boite au lettres depuis trois jours mais je ne l’avais pas vue. Normalement, le facteur sonne à la porte pour nous donner le courrier directement. Mais apparemment, il n’avait pas envie de nous voir, cette fois-ci.

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Aujourd’hui, je n’ai pas vu la maitresse de la journée. Elle est restée enfermée dans sa chambre et a même demandé à la cuisinière de lui déposer son plateau-repas devant sa porte. Elle n’a même pas pris le thé avec ses copines, cet après-midi. Vous imaginez ? Elle doit être sacrément angoissée. 

 

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On nous a déposé des gants en plastique et des masques en tissus devant la porte, ce matin. Apparemment, ça aiderait à ne pas se contaminer entre nous. Mais moi, je suis sûre que c’est surtout pour éviter que la maitresse ne tombe malade. Sérieusement, si j’attrapais ce truc, moi, qui payerais des médicaments couteux pour pouvoir me soigner ? Surement pas la maitresse ! Elle préfère garder ses jolies pièces pour des robes, des romans à l’eau de rose ou des bijoux. Surement pas pour garder un Samy en bonne santé.

 

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J’essaie de suivre les règles de la maitresse du mieux que je peux : ne pas toucher sa nourriture sans nos gants, lui déposer ses affaires devant sa porte et pas dans sa chambre, laisser les fenêtres ouvertes entre 11h et 16h, désinfecter les toilettes 2 fois par jour… Et j’en passe. Ca devient vraiment compliqué cette histoire ! Je ne peux même plus passer du temps avec Mirabelle, car la maladie est trop contagieuse ! Saleté de pilipovirus !

 

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J’envoie beaucoup de lettres à Mirabelle, ces temps-ci. C’est le seul moyen de communiquer maintenant. Seul le cuisinier peut sortir pour faire les courses. Moi, je peux seulement trainer dans le jardin. Je m’ennuie… Je ne peux même plus faire de blagues à la maitresse, puisqu’on doit éviter de s’approcher. Je peux néanmoins noter quelque chose de positif : j’ai beaucoup diminuer ma consommation de crottes de nez. Mirabelle va être fière de moi !

 

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Cela fait maintenant trois jours que je ne vois presque plus personne marcher dans les rues (rues qui sont normalement bondées de monde). Bon, c’est vrai que, depuis ma minuscule rikiki petite fenêtre dans mon cagibi, je ne risquerais pas de voir grand chose, de toute façon. Mais même la gigantesque baie vitrée de la salle à manger donne seulement sur une rue déserte (il y a juste quelques pigeons qui barbotent dans les flaques).

 

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La maitresse m’a laissé une lettre sous sa porte, ce matin. Elle m’y ordonnait d’aller m’installer dans l’abri de jardin. Et puis quoi encore ? J’ai failli taper à sa porte pour refuser, mais je me suis vite rendu compte que je ne le ferai jamais. Franchement Samy, ce n’est pas le moment de se faire mettre à la porte ! Alors, à la place, j’ai pris mon petit matelas sous le bras, ma couverture bleue, ma lampe de poche, mon bonnet, mon caillou porte-bonheur et le livre que Mirabelle m’a prêté (je ne fais que regarder les images car je n’aime pas lire mais bon, ça fait plaisir à Mirabelle de penser que je m’instruis). Je suis sorti par la porte de derrière pour rejoindre la petite cabane au fond du jardin. Elle était glaciale et toute humide… Il va falloir que je m’habitue.

 

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